42 UP
CAMPUS NUMÉRIQUE – 96 BD BESSIÈRES 75017 PARIS
Au départ, il y a l’école 42.
Livré le 14 juillet 2013 au 96 boulevard Bessières, dans le 17e arrondissement de Paris, le projet pédagogique de l’école 42 a rencontré un fort succès auprès de nombre de jeunes désireux de se former aux métiers du numérique. Si bien que les besoins en capacité d’accueil de ce bâtiment de 3 660 m² ont très vite crû.
AR Studio d’Architectures, déjà à l’œuvre pour l’élaboration de l’édifice initial, a donc été investi de la tâche d’adapter ce dernier à un objectif de doublement des effectifs. Pour ce faire, la décision a vite été prise de redensifier la parcelle existante plutôt que d’investir de nouveaux lieux… d’où l’ampleur du défi.
Cette mission s’appelle 42UP. Cinq niveaux pour plus de 12 mètres de surélévation, 9 025 m² de surface totale et la prouesse de doubler les capacités d’accueil au mètre carré par rapport au bâtiment de départ. Un chantier d’ampleur demandant des efforts de création eux aussi conséquents.
Rester implanté dans son milieu
Le tissu urbain dans lequel s’insère 42UP est marqué par une histoire riche. Racheté en 2012 par l’actuel propriétaire des lieux, l’édifice a été construit et livré en 1962 sur un terrain en friche résultant de la démolition des fortifications de Paris en 1930. Par un intéressant hasard, l’école est tombé à l’endroit même de l’ancien bastion numéro… 42 de la défense de la capitale. Nous parlons d’une zone encore peu urbanisée à cette époque, qui a ensuite progressivement – une anecdote de plus – été le lieu d’implantation de la seule école de plein air de Paris, théâtre d’expérimentation d’une éducation hors des conventions d’alors.
42 s’inscrit ainsi dans une continuité certaine, laquelle est prolongée encore par le projet 42UP.
Une superstructure pour augmenter le déjà là
Les défis du chantier 42UP sont nombreux : repenser l’existant plutôt que partir d’une feuille blanche, doubler des effectifs sur une surface d’emprise minimale, pour profiter encore plus de la densification des usages, et ainsi poursuivre la diminution de l’empreinte du bâtiment par rapport à ces capacités d’accueil.
La solution trouvée par AR Studio d’Architectures a été de couper des éléments « non essentiels » de l’ensemble – salles de réunion ou de déjeuner – pour conserver les espaces principaux de l’école 42 : les salles de travail, disposées sur trois niveaux.
La structure des ajouts dans la logique urbaine des alentours est principalement faite de béton en cohérence avec l’existant. Pour élaborer cette superstructure, un bâtiment-pont a donc été positionné par-dessus la structure existante, établi sur les deux poteaux géants que sont, en fait, les issues de secours de l’établissement, surélevés par une poutre en métal. En dépit du caractère colossal du projet, le but de 42UP est de proposer une logique de jeu avec les volumes du bâti environnant, de construire un ensemble en miroir, dans le respect architectural du voisinage. Comme l’explique Adrien Raoul, fondateur de l’agence AR Studio d’Architectures : « Nous voulions travailler la masse, mais en délicatesse et lui insuffler de la légèreté ».
Précisions esthétiques
La façade de l’école 42 avait été repeinte en noir, puis recouverte d’une couche de textile micro-perforé à 26% de vide, pour simplifier et avoir une lecture plus monolithique des volumes d’origine. La particularité de ce choix étant que à l’intérieur du bâtiment ce revêtement n’est pas perceptible, mais de l’extérieur, par grand soleil, il camoufle bel et bien le dedans. Cela donne donc une variation de la transparence de la façade, évoluant avec l’avancée du jour et de la nuit. L’intérêt réside aussi – pour un établissement hébergeant quelques 1000 ordinateurs avec leurs utilisateurs, tous produisant de la chaleur – de minimiser les apports solaires, et donc d’optimiser le confort d’été.
La stratégie choisie par AR Studio d’Architectures a été de fusionner l’extension et l’existant dans un seul objet qui sublime le double mouvement du blanc neuf et du noir existant.
Pour revêtir l’ensemble, la variation des perforations d’une tôle blanche, comme une dentelle, superpose deux échelles de trame. La première plus fine et fluctuante recouvre la seconde plus large et régulière, faite de baies vitrées de 2,28 m par 2,28 m.
Ainsi, l’édifice est très ouvert à la lumière depuis l’intérieur, mais toujours protégé du soleil, offrant un filtre changeant selon l’ensoleillement. Le tout dans une volonté d’unicité et de sobriété visuelle.
Verdir et pluraliser les usages
Le projet 42UP s’inscrit dans une trame globalement verte, notamment du fait de la faible emprise des constructions alentours. Conformément aux orientations du PLU de la ville de Paris, l’idée a été de largement végétaliser l’ensemble. Ainsi, toutes les toitures horizontales de 42UP deviennent des jardins – certains à vocation expérimentale –, fruits d’un travail spécifique mené avec atelir MOABI, paysagiste. Le « bosquet méditatif » quant à lui, offre un espace isolé aux étudiants désireux de se couper du flux des élèves et du va-et-vient continu de l’établissement. Un jeu spatial a été crée avec le passage végétalisé qui longe l’école, préservant la continuité écologique.
Des jardins donc, avec pour objectif « d’offrir une richesse de potentialité d’usage, pour qu’à n’importe quel moment les étudiants puissent trouver l’endroit adapté à leur activité » selon Adrien Raoul.
En effet, depuis les prémices de l’école 42, la volonté directrice des architectes est de proposer différentes typologies d’utilisation des lieux, potentiellement inconnues au départ et qui seront sans cesse réinventées par les élèves au fil de leurs expérimentations de l’établissement. En d’autres termes, 42UP est un espace de potentialités : une structure qualitative et plurielle.
« Paradoxalement, un postulat de départ très clair, une proposition forte de l’architecte, des espaces presque sur-dessinés, sont la condition pour que les élèves puissent s’approprier ou détourner ces lieux, ces usages, à leur guise » comme l’explique Adrien Raoul.